Rakhat Aliev
Рахат Әлиев
Ambassadeur du Kazakhstan (d) |
---|
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Sépulture | |
Nom dans la langue maternelle | Рахат Мұхтарұлы Әлиев |
Nationalité | |
Formation | |
Activités | |
Père | |
Conjoint | Dariga Nazarbaïeva (jusqu'en ) |
Enfants |
Arme | Comité de sécurité nationale de la République du Kazakhstan (en) |
---|---|
Grade militaire | |
Distinctions | Liste détaillée Ordre de la Gloire (en) Médaille des 10 ans du Parlement de la république du Kazakhstan (d) Médaille commémorative des dix années d'indépendance de la république du Kazakhstan (d) Grand-croix d'argent de l'ordre du Mérite autrichien |
Rakhat Aliev ou Rakhat Aliyev (kazakh : Рахат Мұхтарұлы Әлиев) est un homme politique, homme d'affaires et diplomate kazakh puis maltais[1] né le à Alma-Ata, et mort à Vienne (Autriche), le [2]. Il est également l’ancien gendre de Noursoultan Nazarbaïev (président de la République socialiste kazakhe de 1984 à 1989 puis président du Kazakhstan de 1990 à 2019[3]).
En 2007, Rakhat Aliev est accusé d'extorsion de fonds et d'enlèvement au Kazakhstan. Il est condamné à 20 ans de prison par contumace[4] début 2008.
Carrière
[modifier | modifier le code]Rakhat Aliev est né dans une famille kazakhe aisée et proche des sphères du pouvoir. Son père, Moukhtar Aliev, fut ministre de la Santé du gouvernement de la République socialiste soviétique kazakhe de 1982 à 1987[5]. Rakhat Aliev s'est d'abord destiné à une carrière médicale mais après son mariage en 1991 avec Dariga Nazarbaïeva, la fille aînée de Noursoultan Nazarbaïev[6], il s'engage dans des voies plus lucratives, les affaires et les services publics.
Pendant les années 1990, Rakhat Aliev occupe plusieurs postes haut placés au sein de l’État. Il dirigé la police financière entre 1997 et 1999[7]. Il est également premier vice-président de la Commission de sécurité nationale kazakhe (KNB, services secrets kazakhs) et occupe le poste de vice-ministre des Affaires étrangères en 2005 et 2006. Il a été nommé ambassadeur du Kazakhstan à Vienne à deux reprises : il a été en poste dans la capitale autrichienne de 2002 à 2005 et au début de l'année 2007, avant son inculpation.
Parallèlement, Rakhat Aliev bénéficie des privatisations consécutives à l'indépendance, obtenant notamment le contrôle de la chaîne de télévision KTK et du journal Karavan. Il était par ailleurs actionnaire de la Nourbank (l’une des principales banques kazakhes) et membre de son conseil d'administration avant ses démêlés judiciaires[5].
Le , Rakhat Aliev est nommé ambassadeur du Kazakhstan en Autriche (pour la deuxième fois de sa carrière) et représentant permanent de l'OSCE à Vienne. Le , il est destitué de ce poste. Peu après, il est la cible d'un mandat d'arrêt prononcé par la justice kazakh.
L'affaire de la Nourbank
[modifier | modifier le code]Accusations
[modifier | modifier le code]Le , un employé et deux hauts dirigeants de la Nourbank sont enlevés à Astana. Rakhat Aliev siégeait au conseil d'administration de la cette banque et, après plusieurs mois d'enquête, les suspicions se tournent vers lui. En effet, des proches des personnes disparues auraient affirmé que « M. Aliev avait organisé le rapt dans le but de forcer les deux dirigeants à faire de lui le propriétaire de l’immeuble dans lequel est établi le siège social de la Banque »[7]. Il est également question de falsification de compte au profit d'Aliev[6].
À la fin du mois de mai, la fermeture de la chaîne de télévision KTK et du journal Karavan, qui appartiennent à Aliev, est imposée par la justice pour violations de la loi kazakhe sur les langues. Quelques jours plus tard, le , Noursoultan Nazarbaïev destitue officiellement son gendre de ses postes de représentation à Vienne. Le divorce d'avec Dariga Nazarbaïeva, la fille du chef de l’État, est prononcé en juin. Aliev a affirmé ne pas avoir été entretenu de la procédure[8]. Il a également déclaré que Dariga Nazarbaïeva avait agi sous la pression de son père.
Dès la levée de son immunité diplomatique, Rakhat Aliev est la cible d'un mandat d'arrêt délivré par les autorités kazakhes, et son extradition est demandée à l'Autriche pour des motifs liés aux enlèvements de janvier. Le , il est arrêté par la police autrichienne. Mais en août, la Cour fédérale autrichienne refuse la demande kazakhe, déclarant que Rakhat Aliev n'est pas sûr de bénéficier d'un procès équitable au Kazakhstan.
Le procès
[modifier | modifier le code]Depuis l'Autriche, Rakhat Aliev déclare que son inculpation présente un caractère politique. Il dit notamment avoir renseigné Nazarbaïev de son intention de se présenter à l’élection présidentielle de 2012 ; Nazarbaïev n'aurait pas accepté cette prétention. D'autres motivations peuvent naître ailleurs : Rakhat Aliev s'est opposé à la réforme constitutionnelle de et, déjà au début des années 2000, il avait été soupçonné de fomenter la disgrâce de son beau-père.
Après avoir fait une demande fructueuse d'asile politique en Autriche, Aliev déménage à Malte qui refuse également son extradition et obtient la nationalité[1].
Après son inculpation, les médias étrangers s'emparent de l'affaire et Aliev bénéficie d'un accès aux médias pour justifier de son innocence. En , à Almaty, s'ouvre son procès par contumace. Les chefs d'accusation sont notamment enlèvement, blanchiment d’argent, violences et homicide. En , il est condamné par le tribunal d'Almaty à vingt ans de prison pour les enlèvements de la Nurbank. Cette peine s'additionne à une autre de vingt ans elle aussi et par contumace également, arrêtée pour « tentative de coup d’État »[9].
L'exil autrichien
[modifier | modifier le code]Aliev recherché par les autorités kazakhes
[modifier | modifier le code]L'Autriche est restée sur sa position de refus face à la demande d'extradition kazakhe. Toutefois, la justice autrichienne procède à des auditions de témoins accusant M. Aliev en .
En , le quotidien Standard (Belgique) annonce qu'Aliev, dont la justice autrichienne a officiellement perdu la trace, vivrait en Autriche sous protection policière. Toujours en , le ministère de l'Intérieur autrichien suspend de leurs fonctions deux agents de police, « accusés d'avoir cherché illégalement à connaître le lieu de résidence d'Aliev sur la base de données policières EKIS »[9].
The Godfather-in-law : le livre d'Aliev est interdit au Kazakhstan
[modifier | modifier le code]En 2009, le livre de Rakhat Aliev The Godfather-in-law est mis à l'index par le parquet général du Kazakhstan. L'ouvrage révèle les stratégies politiques et financières, les mœurs du président Noursoultan Nazarbaïev ainsi que des informations sur les forces spéciales kazakhes. Les autorités judiciaires kazakhes déclarent que l'ouvrage « dévoile des secrets d'État »[10].
Décès
[modifier | modifier le code]Le , il est retrouvé pendu dans les sanitaires de sa cellule à la prison viennoise où il était emprisonné en attendant son procès. Ses avocats déclarent considérer le décès comme suspect et l'un d'entre eux demande « une enquête détaillée » sur les causes du décès[11]. Il sera finalement prouvé, en 2017, qu'il s'agissait d'un suicide.
Références
[modifier | modifier le code]- Colley et Heathershaw 2017, p. 45.
- Le Figaro 24/02/2015
- prochaine échéance électorale en 2012
- « Poussieresdempire », sur blogspot.com (consulté le ).
- (en) « Eurasiantransition.org », sur eurasiantransition.org (consulté le ).
- « Poussieresdempire », sur blogspot.com (consulté le ).
- « bassirat.net/La-chute-de-Rakha… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- « RAKHAT ALIEV, ex-ambassadeur du Kazakhstan en Autriche. Répudié », Courrier international, (lire en ligne , consulté le ).
- « rtbf.be/info/autriche-deux-pol… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
- « KAZAKHSTAN. Le livre qui fait trembler le président Nazarbaev », Courrier international, (lire en ligne , consulté le ).
- « Mort mystérieuse à Vienne de l'ex-gendre du président kazakh », sur La Libre Belgique, (consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Alexander Cooley et John Heathershaw, Dictators Without Borders: Power and Money in Central Asia, New Haven et Londres, Yale University Press, (ISBN 978-0-300-24319-2).