Rose de Bourg

Rose de Bourg, née vers 1269 et morte après 1326, est une dame noble de Gascogne appartenant à la famille de Bourg. Fille et héritière de Guitard de Bourg, elle est mariée deux fois, très jeune, la première fois en 1283 avec Ayquelm Guilhem IV seigneur de Lesparre, puis en 1288 avec Amanieu VII d'Albret.

Elle a au moins douze enfants, un fils né d'Ayquelm Guilhem IV de Lesparre, Ayquelm Guilhem V de Lesparre, et cinq fils et six filles nés d'Amanieu VII d'Albret, dont Bernard Ezi V d'Albret et Mathe d'Albret.

Dame de Vertheuil et de Vayres, elle dispose de ses biens, qui passent pour l'essentiel dans la Maison d'Albret, notamment à son fils cadet, Bérard d'Albret de Vayres.

Biographie[modifier | modifier le code]

Une héritière[modifier | modifier le code]

Rose de Bourg est la fille aînée et héritière de Guitard de Bourg, seigneur de Vertheuil, et de Thomase Gombaud, dame de Vayres, elle-même fille et héritière de Raimond Gombaud seigneur de Vayres. Guitard de Bourg est maire de Bordeaux et lieutenant du sénéchal de Gascogne et laisse un héritage important à sa fille Rose[1],[Ma 1], qui est probablement née vers 1269[Ma 2].

En effet, son mariage avec Ayquelm Guilhem IV de Lesparre est prévu par leurs pères respectifs, Sénebrun III seigneur de Lesparre et Guitard de Bourg seigneur de Vertheuil le  : ils s'engagent à marier Rose à Ayquelm Guilhem dès qu'elle aura douze ans et dès qu'il en aura quatorze[2].

Rose est finalement mariée un peu plus tard, mais précocement, comme la moyenne des filles de la noblesse de son époque[Ma 2].

Premier mariage avec Ayquelm Guilhem IV de Lesparre[modifier | modifier le code]

À l'âge de quatorze ans[Ma 2], le , Rose de Bourg épouse Ayquelm Guilhem IV seigneur de Lesparre[Ma 1]. Elle apporte alors à son mari 500 livres bordelaises de dot et 100 livres de rente. Ce dernier lui fait don de 100 livres et assigne sa dot et son trousseau sur la seigneurie de Lesparre. Rose doit en recevoir les revenus jusqu'au remboursement de la dot et du trousseau[Ma 3].

Ils ont un fils, Ayquelm Guilhem V[Ma 1], probablement né en 1284, mais son père, Ayqulem Guilhem IV, meurt vite, sans doute en 1286. Le , Rose de Bourg fait rédiger un premier testament en faveur de son fils alors unique, Ayquelm Guilhem V de Lesparre[2].

Remariage avec Amanieu VII d'Albret[modifier | modifier le code]

Château de Vertheuil. Carte postale du début du XXe siècle

En secondes noces, Rose de Bourg épouse Amanieu VII, seigneur d'Albret, le [Ma 4]. Elle a alors dix-neuf ans[Ma 2]. Lors de ce mariage, Rose de Bourg apporte en dot les seigneuries de Vayres et de Vertheuil[Ma 5],[3]. La tour de Vertheuil n'est pas mentionnée dans le contrat de mariage, quoiqu'elle semble dater du XIIe siècle[4]. Le château de Vayres est cité dès 1091, alors probablement situé à l'intérieur du périmètre de l'édifice actuel, transformé ensuite par le fils de Rose, Bérard Ier de Vayres[5].

Elle apporte aussi 1200 livres bordelaises de capital et 100 livres de rentes sur la seigneurie de Lesparre. Mais la seigneurie de Vayres est hypothéquée et Amanieu VII d'Albret en relève l'hypothèque, ce qui permet de s'en assurer la possession. Sur la seigneurie de Lesparre, Rose et Amanieu transigent avec le tuteur du fils de Rose, Ayquem Guilhem V, et obtiennent un versement en espèce et une rente viagère de 100 livres annuelles pour Rose[Ma 3].

Rose de Bourg et Amanieu VII d'Albret ont au moins onze enfants[Ma 6] :

En 21 ans, avec Amanieu VII d'Albret, Rose a donc en moyenne un enfant tous les deux ans[Ma 8].

Une dame noble et riche[modifier | modifier le code]

Château de Vayres

Rose de Bourg reste maîtresse de ses biens propres et autorise son mari Amanieu VII à les administrer[Ma 9]. Elle fait rédiger un testament le et y fait ajouter un codicille le [Ma 7]. La coutume de Bordelais, où sont situées ses seigneuries de Vayres et de Vertheuil, prévoit que les biens maternels doivent être partagés entre tous les enfants. C'est ce que fait Rose de Bourg dans son premier testament en 1298, mais ensuite, son mari obtient la renonciation de leurs filles à leur part d'héritage maternel, afin de conserver ces seigneuries dans la famille d'Albret[Ma 5]. Lors de leurs mariages, il les dote en numéraire pour compenser[Ma 10].

C'est ainsi que, dans son testament suivant, en 1324, Rose lègue un huitième de ses biens à son fils aîné Ayquelm Guilhem V de Lesparre et fait de son fils le plus jeune, Bérard, son héritier pour le reste. Les sœurs de ce dernier renoncent à leur part et leurs frères aînés, Bernard Ezi V et Guitard, reçoivent l'héritage paternel pour le premier et la vicomté de Tartas pour le second. Seigneur de Vertheuil et de Vayres, en Bordelais, Bérard choisit logiquement le camp du roi d'Angleterre, qui est son suzerain, lors de la guerre de Saint-Sardos, trahissant ainsi son père[Ma 5]. Toutefois, cette trahison permet à Bérard de préserver les biens de sa mère et de conserver à la famille d'Albret les seigneuries de Vayres et de Vertheuil[Ma 11]. Après cette guerre, Rose modifie en 1326 les dispositions prévues : elle laisse Vayres et Marcamps à Bérard et donne la seigneurie de Vertheuil à Guitard[Ma 5].

Dans ses testaments, Amanieu VII institue son épouse Rose tutrice de leurs enfants et lui confie la responsabilité de la gestion de leurs biens, tant qu'elle ne se remarie pas. Il lui lègue la terre de Castelnau-de-Cernès (dans la commune actuelle de Saint-Léger de Balson) puis celle de Casteljaloux[Ma 9]. Rose de Bourg vit entourée de jeunes filles qui sont à son service. Certaines sont couchées sur son testament de 1324[Ma 12].

Des legs pieux[modifier | modifier le code]

Dans ses testaments, elle fait des legs aux franciscains, comme les autres membres de la Maison d'Albret, qui leur voue une dévotion particulière. Elle prévoit l'établissement d'une chapellenie dans le couvent franciscain à Casteljaloux et fait des dons à certains frères mineurs en particulier. Elle fait aussi des legs aux couvents de dominicains[Ma 13] et à la collégiale Notre-Dame d'Uzeste[6],[Ma 13] ainsi qu'à différents hôpitaux. Elle dote également l'église de Vertheuil, où était enterré son père[Ma 13]. Elle consacre 2 500 livres au financement de messes et de prières dites pour son âme[7]. Elle demande à son fils Bernard Ezi V d'effectuer un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, ce que ce dernier ne fera pas mais remettra à ses propres enfants[8].

Son dernier testament date de 1326. Elle y précise qu'elle souhaite être enterrée, comme beaucoup de membres de la maison d'Albret, dans le couvent des franciscains de Casteljaloux[Ma 13]. Elle meurt vers l'âge de 57 ans[Ma 8].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Marquette 2010, p. 90-92.
  2. a b c et d Marquette 2010, p. 95.
  3. a et b Marquette 2010, p. 146-148.
  4. Marquette 2010, p. 12.
  5. a b c et d Marquette 2010, p. 130-133.
  6. Marquette 2010, p. 75.
  7. a b c d e f g h i j k et l Marquette 2010, p. 78-81.
  8. a et b Marquette 2010, p. 97-98.
  9. a et b Marquette 2010, p. 99-100.
  10. Marquette 2010, p. 138.
  11. Marquette 2010, p. 249.
  12. Marquette 2010, p. 102.
  13. a b c et d Marquette 2010, p. 108-112.
  • Autres références
  1. Jean-Paul Trabut-Cussac, « Notes sur le Médoc au XIIIe siècle », Revue historique de Bordeaux et du département de la Gironde, vol. 12, no 3,‎ , p. 109–127 (DOI 10.3406/rhbg.1963.1916, lire en ligne, consulté le ).
  2. a et b Jean-Paul Trabut-Cussac, « Notes sur le Médoc au XIIIe siècle : II. - La seigneurie et les seigneurs de Lesparre », Annales du Midi, vol. 78, no 77,‎ , p. 305–330 (DOI 10.3406/anami.1966.5046, lire en ligne, consulté le ).
  3. a et b Pierre Courroux, « L’héritage des Albret de Vayres-Langoiran au coeur de la guerre de Cent Ans », Annales du Midi, vol. 129, no 298,‎ , p. 187–208 (DOI 10.3406/anami.2017.8877, lire en ligne, consulté le ).
  4. Frédéric Boutoulle, Le duc et la société : Pouvoirs et groupes sociaux dans la Gascogne bordelaise au XIIe siècle ((1075-1099), Bordeaux, Ausonius, coll. « Scripta Mediaevalia » (no 14), , 439 p. (ISBN 978-2-910023-95-9), p. 354.
  5. Paul Roudié, « Le château de Vayres », dans Congrès archéologique de France : 145e session, 1987. Bordelais et Bazadais, Paris, Société française d'archéologie, , 375 p. (lire en ligne), p. 325-341.
  6. Marie-Madeleine Gauthier, « Uzeste, l'église Notre-Dame, ancienne collégiale, et le tombeau de Bertrand de Got, pape sous le nom de Clément V (1305-1314) », dans Congrès archéologique de France : 145e session, 1987. Bordelais et Bazadais, Paris, Société française d'archéologie, , 375 p. (lire en ligne), p. 271-324.
  7. Robert Boutruche, « Aux origines d'une crise nobiliaire: donations pieuses et pratiques successorales en bordelais du XIIIe au XVIe siècle », Annales d'histoire sociale (1939-1941), vol. 1, no 2,‎ , p. 161–177 (ISSN 1243-2563, lire en ligne, consulté le ).
  8. Denise Péricard-Méa, Compostelle et cultes de saint Jacques au Moyen Âge, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Le Nœud gordien », , 386 p. (ISBN 978-2-13-051082-6, DOI 10.3917/puf.peric.2000.01, lire en ligne), p. 216.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]