Scholie
Une scholie ou scolie (du grec ancien σχόλιον / skhólion, « commentaire, scholie », lui-même dérivé de σχολή / skholế, « occupation studieuse, étude ») est un commentaire, une note philologique figurant sur un manuscrit et servant à expliquer un texte. « C'est une courte note, marginale ou interlinéaire notamment, sur un passage précis et difficile du texte (une remarque philologique ou historique, une fiche de travail, un fragment, une glose pour soi) ; c'est la forme élémentaire de l'exégèse ou de la lectio divina [lecture divine, c'est-à-dire de la Bible] »[1].
Vocabulaire
[modifier | modifier le code]Il ne faut pas confondre avec scolie, écrit toujours sans h, qui désigne un type de chant à boire grec[note 1]. Les auteurs des scholies sont appelés scholiastes (ou scoliastes).
Définition
[modifier | modifier le code]La scholie est « une note explicative, isolée ou appartenant à un commentaire suivi d'une œuvre antique »[2].
Les scholies [3] peuvent être :
- marginales : écrites dans la marge ;
- interlinéaires : insérées dans le texte même, entre les lignes.
Généralement, la note commence par reprendre le mot ou le passage commenté (appelé le « lemme »), puis fait apparaître les commentaires du scholiaste. Par exemple, les scholies annotées sur les textes antiques sont une source précieuse d'information, à la fois philologique et historique.
Les scholiastes sont généralement anonymes. Ils sont désignés d'après l'œuvre ou l'auteur qu'ils ont commenté, à la manière des peintres de céramique qui ne sont connus que d'après leurs œuvres. On parle ainsi du « scholiaste d'Homère[4] » ou du « scholiaste du vers n des Bacchantes d'Euripide ». Ces ajouts sont non datés, ce qui rend difficile d'apprécier leur valeur. L'anonymat et la difficulté de datation distinguent les scholies des commentaires érudits réalisés par un auteur bien identifié, comme les commentaires d'Eustathe de Thessalonique aux épopées d'Homère.
Les scholies sont souvent brèves, mais leur longueur varie beaucoup selon l'œuvre commentée et selon les scholiastes. Les commentaires formulés par les scholies peuvent être de tout ordre : grammaticaux, littéraires, historiques, mythologiques ou scientifiques.
Le contenu des scholies peut reprendre directement le texte d'un commentaire indépendant déjà existant et que le scholiaste a lu, ou bien faire œuvre nouvelle.
Le style adopté par les scholies varie selon les scholiastes, mais comporte parfois des abréviations et des termes de langues techniques qui peuvent en rendre la traduction délicate.
Éditions modernes et intérêt scientifique
[modifier | modifier le code]En raison de la masse de texte qu'elles représentent, beaucoup de scholies ne sont pas disponibles en traduction : elles font plutôt l'objet d'éditions savantes où elles sont regroupées dans leur langue d'origine, et sont seulement accompagnées d'un appareil critique, parfois en latin. Des traductions de choix de scholies sont en revanche régulièrement éditées.
Les scholies sont particulièrement utiles à la compréhension des allusions historiques, géographiques ou mythologiques présentes dans les œuvres antiques, surtout lorsque celles-ci contiennent des références érudites, comme les Argonautiques d'Apollonios de Rhodes ou l'Alexandra de Lycophron. Elles contribuent aussi à notre connaissance des conceptions anciennes de la grammaire, de l'histoire de la langue et de la théorie littéraire.
- Exemples d'éditions de scholies
- Scholia Graeca in Homeri Iliadem, éd. W. Dindorf et E. Maass, 6 volumes, Oxford, 1875-1888 (scholies à l'Iliade d'Homère)
- Scholia Graeca in Homeri Odysseam, éd. W. Dindorf, 2 volumes, Oxford, 1855 (scholies à l'Odyssée d'Homère)
- Scholia Platonica, éd. W. C. Greene, Haveford, American Philological Association, 1938 (scholies à Platon)
- Scholia in Aristotelem : Aristotelis Opera, éd. Immanuel Bekker, vol. IV, repr. DeGruyter, 1961 (scholies à Aristote)
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Il existe un autre emploi du mot « scolie » ou « scholie », écrit avec ou sans h : c'est, dans un traité de mathématiques, une remarque qui suit un théorème démontré ou un problème résolu, et dont le contenu se situe en marge de la démarche démonstrative. Ce mot « scholie » est aussi employé dans l'Éthique de Spinoza, qui se présente comme une démonstration more geometrico. Dans cet usage, le mot « scholie » est du genre masculin, alors qu'en philologie on lui a donné le genre féminin.
Références
[modifier | modifier le code]- Antoine Compagnon, La Seconde Main ou le Travail de la citation, Seuil, 1979, p. 162.
- 2010 Amigues, p. 391.
- « Sources littéraires - Éditions de scholies », sur bcs.fltr.ucl.ac.be (consulté le )
- Jean Schneider, « Scholies de la IVe Pythique et scholies homériques », Dialogues d'histoire ancienne, vol. 2, no 1, , p. 147–173 (DOI 10.3406/dha.2009.3478, lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Suzanne Amigues (trad. du grec ancien), Théophraste. Recherches sur les plantes. À l’origine de la botanique, Paris, Éditions Belin, , 414 p. (ISBN 978-2-7011-4996-7).
- (en) Eleanor Dickey, Ancient Greek Scholarship : A Guide to Finding, Reading, and Understanding Scholia, Commentaries, Lexica, and Grammatical Treatises, American Philological Association,
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) Édition des scholies aux pièces d'Euripide de Donald J. Mastronarde (Americain Philological Association)