Sofia Taloni
Genre | blogueuse, voyage,critique , vulgarisation |
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Nom de naissance | Naoufal Moussa |
Naissance | Al Hoceïma, Maroc |
Nationalité | Marocaine |
Autres activités | blogueuse, Influenceuse |
Chaîne | soufiataloni |
Sofia Taloni, ou Soufia Taloni, née Naoufal Moussa (en arabe : صوفيا طالوني), née le à Al Hoceïma, est une blogueuse[réf. souhaitée], influenceuse et vidéaste web marocaine transgenre.
En 2020, elle se fait connaître par l'organisation d'une campagne massive d'outing de l'orientation sexuelle d'hommes gays marocains, alors que l'homosexualité est un délit passible de trois ans de prison au Maroc, après avoir été injuriée en raison de son orientation sexuelle.
Biographie
[modifier | modifier le code]Sofia Taloni, de son nom de naissance Naoufal Moussa, est née le 27 avril 1983 dans une famille aisée à Al Hoceïma, de parents marocains. Elle passe toute sa jeunesse au Maroc. À 19 ans, elle suit à Rabat des études à l'université[réf. souhaitée].
Transgenre, elle se rend en Turquie en 2019 pour effectuer des opérations de chirurgie esthétique de féminisation et une chirurgie de réattribution sexuelle[réf. souhaitée]. Elle vit depuis lors en Turquie, où elle travaille dans le cosmétique[Depuis quand ?][1].
Carrière sur les réseaux sociaux
[modifier | modifier le code]Sofia Taloni a lancé deux concepts populaires sur Youtube #24for24, ayant cumulé plus de 5 millions de vues[réf. nécessaire]. Elle s'y entretient avec des personnalités célèbres ou avec des personnes ordinaires[réf. souhaitée][2].
Sofia Talouni fait partie des personnalités influenceuses les plus connus au Maroc ; ses vidéos sont en arabe marocain. Elle a été « érigée en star » par les réseaux sociaux[3]. Son compte Instagram certifié est suivi par plus de 600 000 personnes jusqu'à sa suspension en avril 2020[3].
Affaire Sofia Taloni
[modifier | modifier le code]En avril 2020, Sofia Taloni appelle publiquement ses fans à la dénonciation d'homosexuels marocains[3],[4],[5],[6],[7], lors d'une diffusion en direct sur Instagram[8],[9]. Son compte Instagram est alors suspendu. Elle présente des excuses par la suite, son intention ayant été, selon elle, d'aider à la normalisation de l'homosexualité[10],[11],[12] mais un doute sur sa sincérité subsiste[13],[14]. L'affaire est d'autant plus grave que l'homosexualité est illégale au Maroc, les personnes concernées risquant jusqu'à trois ans de détention (contrairement à la Turquie où réside la blogueuse)[15].
Selon le New York Times, Sofia Taloni venait d'être injuriée en raison de son identité de genre quand, dans un mouvement de rage, elle a publié l'incitation à dénoncer des homosexuels, dont les effets furent dévastateurs[16] et prolongés[17].
Selon le sociologue Khalid Mouna qui s'exprime dans Libération, Sofia Taloni essaie d'infliger aux personnes LGBT l'exclusion qu'elle a elle-même subie (notamment de la part de sa famille)[3]. Il souligne le fait qu'« elle adopte les codes de ses propres détracteurs »[3].
Faisant retour sur cette affaire en 2021 dans une étude sur les représentations de l'identité de genre au Maroc, Anne M. Montgomery et Abderrahim El Habachi attribuent à Sofia Talouni la volonté d'« exposer l'hypocrisie de la société marocaine en démasquant des centaines de personnes » homosexuelles[18]. « Elle a dit aux femmes de télécharger des applications de rencontre pour hommes homosexuels (comme Grindr et PlanetRomeo) et de rechercher des personnes qu'elles connaissaient »[18]. En 24 heures, près de 150 000 comptes ont été créés au Maroc[18]. Près de 100 personnes ont été identifiées comme homosexuelles[19]. Certaines ont dû abandonner leur domicile et l'une d'elles s'est suicidée[18]. L'application Grindr alerte les homosexuels marocains du risque d'outing auquel ils s'exposent en utilisant cette application au vu de cette campagne[15].
Ce scandale a fait l'objet d'un débat public au Maroc, et a été le point de départ de campagnes de sensibilisation sous la forme notamment de débats lives « Ajiw N'hadro » (« Il est temps d'en parler ») organisés par le collectif des « Hors-la-loi du Maroc »[3].
La police marocaine a ouvert une enquête pour « incitation à la haine et à la discrimination » à la suite de ces révélations d'informations sur la vie privée[3].
En 2021, en réaction à l'outing de personnes LGBT auquel avait appelé Sofia Taloni, paraît un livre de témoignages concernant les discriminations et les violences que ces personnes subissent, intitulé L'Amour fait loi[20], aux Éditions Le Sélénite[21].
En 2021, Sofia Taloni dépose une plainte pour tentative d'homicide à son encontre après un cambriolage[22] ; le site afrik.com émet l'hypothèse d'un règlement de comptes en rapport avec l'affaire de 2020[23].
En 2022, plusieurs sites marocains relaient sa prise de position jugée paradoxale en faveur d'un prédicateur musulman qui critiquait le fait de représenter positivement dans une série télévisée une catégorie de femmes marginalisées[24], les danseuses et les chanteuses parfois à la limite de la prostitution appelées chikhat[25],[26],[27].
Article connexe
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en-GB) Vic Parsons, « Gay men in Morocco living in terror after trans influencer urged her followers to use dating apps to hunt them and out them », sur PinkNews |, (consulté le )
- (ar) « صوفيا تالوني », sur le12.ma (consulté le ).
- Dounia Hadni, « Maroc : les LGBT en proie à la vindicte d'une influenceuse trans », sur Libération, (consulté le ).
- (en) « Dozens of gay men are outed in Morocco as photos are spread online », sur The New York Times, (consulté le ).
- « Au Maroc, on fait la chasse aux homos sur internet en plein confinement », sur slate.fr, (consulté le ).
- (en) « Men living in fear as trans model launches campaign to out them », sur gaynation.co, (consulté le ).
- (en) « Influencer betrays LGBT peers », sur v4na.com, (consulté le ).
- « Haine. “Chasse aux sorcières” au Maroc contre les homosexuels », sur Courrier international, (consulté le )
- (en) « This influencer is outing gay men in Morocco », sur out.com, (consulté le ).
- Yabiladi.com, « Maroc : Le mea-culpa de Sofia Taloni, à l’origine de la campagne de «outing» des homosexuels », sur www.yabiladi.com (consulté le )
- (en) « Moroccan trans influencer apologizes for sparking witch hunt of gay men », sur gaystarnews.com, .
- (en-US) Condé Nast, « Trans Influencer Apologizes After Sparking Trend of Outing Gay Men in Morocco », sur Them, (consulté le )
- « Maroc : l'influenceuse trans responsable de la 'chasse aux homosexuels' fait son mea-culpa », sur blastingnews.com, (consulté le ).
- Andrei Olariu, « OUTING AU MAROC : L’influenceuse trans présente ses excuses ! », sur www.mmensuel.fr, (consulté le ).
- Antoine Fonteneau, « Au Maroc, la communauté LGBT visée par une campagne de harcèlement », sur TV5MONDE, (consulté le )
- « Sofia Talouni was insulted about her sexual orientation. In a rage, she released a profanity-laced video encouraging women to download the location-based meeting apps, like Grindr and Planet Romeo, which are usually used by gay men », (en) « Dozens of gay men are outed in Morocco as photos are spread online », sur The New York Times, (consulté le )
- « Maroc : Un responsable du ministère des Affaires islamiques licencié pour promotion de l'homosexualité », sur observalgerie.com, (consulté le )
- Anne M. Montgomery et Abderrahim El Habachi, « Acts of Exposure: Reckoning with Representations of HIV and Sexual Identity in Morocco », L’Année du Maghreb [En ligne], 25 | 2021, mis en ligne le 10 juin 2021, consulté le 15 juin 2022. URL : http://journals.openedition.org/anneemaghreb/8139 ; DOI : https://doi.org/10.4000/anneemaghreb.8139
- «In Morocco, one of the 70-plus countries where being gay is still illegal, a social media influencer and model Sofia Talouni used quarantine to ask people to join dating sites and out men they might know. [...] Up to 100 men in Morocco have since been harassed and abused, with reports that some have been kicked out of their homes. One has taken his own life.», (en) Jemimah Steinfeld, « Forced out of the closet: As people live out more of their lives online right now, our report highlights how LGBTQ dating apps can put people’s lives at risk », Index on Censorship, vol. 49, no 2, , p. 101–104 (ISSN 0306-4220 et 1746-6067, DOI 10.1177/0306422020935360, lire en ligne, consulté le )
- Kenza Sefrioui, « Pour tous les amours », sur Telquel.ma, (consulté le )
- G.A., « « L’amour fait loi », le cri de cœur des minorités sexuelles au Maroc », sur Bladi.net, (consulté le )
- K.B, « Sofia Taloni empoisonnée et dépouillée de plus d’un million de dirhams », sur Bladi.net, (consulté le )
- « Les agresseurs de la Marocaine Sofia Taloni courent toujours », sur Afrik, (consulté le )
- « Un prédicateur tire à boulets rouges sur la série «Al Maktoub» », sur Le Site Info, (consulté le )
- (ar) لو سيت اينفو عربي, « صوفيا طالوني تدافع عن الشيخ ياسين العمري: خدمة », sur KLYOUM.COM (consulté le )
- (ar) akhbarona.com, « بالصورة.. المتحول "طالوني" يفاجئ الجميع بموقف غير متوقع من قضية "الشيخة والداعية" », sur akhbarona.com, (consulté le )
- (ar) « صوفيا طالوني تدافع عن الشيخ ياسين العمري -صورة », sur لكل غالية • Ralia, (consulté le )
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Anne M. Montgomery et Abderrahim El Habachi, « Acts of Exposure: Reckoning with Representations of HIV and Sexual Identity in Morocco », L’Année du Maghreb [En ligne], 25 | 2021, mis en ligne le 10 juin 2021, consulté le 15 juin 2022. URL : http://journals.openedition.org/anneemaghreb/8139 ; DOI : https://doi.org/10.4000/anneemaghreb.8139