Soit ψ un caractère du groupe additif (Fp, +) et χ un caractère du groupe multiplicatif (Fp*, ∙), alors la somme de Gauss associée à χ et ψ est le nombre complexe, ici noté G(χ, ψ) et défini par :
En termes de transformée de Fourier, on peut considérer l'application qui à χ associe G(χ−1, ψ) comme la transformée de Fourier du prolongement de χ à Fp par l'égalité χ(0) = 0 et l'application qui à ψ associe G(χ−1, ψ) comme la transformée de Fourier de la restriction de ψ à Fp*.
Si les deux caractères χ et ψ sont non triviaux — c'est-à-dire non constamment égaux à 1 — alors
Démonstrations
Si m est un entier premier à p, alors
En effet, la définition d'une somme de Gauss implique :
Par le changement de variable u = mk, on a donc bien :
Si les deux caractères χ et ψ sont non triviaux, alors
En effet, la définition d'une somme de Gauss implique :
Par le changement de variable u = kl−1, on obtient :
Or la somme des valeurs du caractère additif l ↦ ψ((u + 1)l) est nulle sauf lorsque ce caractère est trivial, c'est-à-dire lorsque u = –1. On en déduit :
De même, la somme des valeurs du caractère multiplicatif non trivial χ est nulle, ce qui termine la démonstration.
Cette seconde propriété possède le corollaire immédiat suivant :
Si μ(a) désigne le symbole de Legendre (a/p) — égal à 1 si a est un carré dans Fp* et à –1 sinon — alors, pour tout caractère ψ non trivial,
Soient ψ le caractère additif tel que ψ(1) = ω, H le sous-groupe du groupe multiplicatif Fp* composé des résidus quadratiques de Fp*, P1 la somme des valeurs de ψ sur H et P2 la somme des valeurs de ψ sur le complémentaire de H dans Fp*. L'application de Fp* dans H qui à tout élément associe son carré est une application surjective telle que toute image admet exactement deux antécédents ; en conséquence :
Or ψ est un caractère non trivial donc — comme dans la démonstration du § « Propriétés » — la somme 1 + P1 + P2 de ses valeurs est nulle, ce qui permet de conclure :
Le corollaire du § « Propriétés » termine la démonstration.
Plus généralement, Gauss a démontré en 1801 les égalités suivantes au signe près pour tout entier n > 0 :
conjecturant alors que même les signes étaient exacts pour ce choix particulier ω = exp(2πi/n), et ce n'est qu'au bout de quatre ans d'efforts incessants qu'il est parvenu à résoudre cette conjecture[1],[2],[3].
↑(en) Henry John Stephen Smith, « Report on the theory of numbers, Part I », 1859, réimpr. en 1984 dans The Collected Mathematical Papers of Henry John Stephen Smith, Art. 20.
↑(en) Kenneth Ireland et Michael Rosen, A Classical Introduction to Modern Number Theory, Springer, coll. « GTM » (no 84), (réimpr. 1998), 2e éd., 389 p. (ISBN978-0-387-97329-6, lire en ligne), p. 73.