Subjonctif présent en français
Le subjonctif présent est un temps simple de la conjugaison des verbes français. Le subjonctif présent appartient au mode personnel du subjonctif, c’est-à-dire qu'il présente une action possible, envisagée.
Utilisation
[modifier | modifier le code]Le subjonctif présent exprime généralement un fait envisagé qui n'est pas encore réalisé au moment de l'énonciation. Il s'emploie dans une proposition subordonnée.
Commandement
[modifier | modifier le code]Le subjonctif présent, à la 3e personne du singulier ou du pluriel, peut exprimer un commandement.
- Qu’ils finissent leur travail s’ils veulent sortir !
- Qu’on m’apporte ce livre !
- Que Fréjus renaisse ! (Charles de Gaulle)
Souhait ou désir
[modifier | modifier le code]Le subjonctif, dans une proposition indépendante, peut exprimer un souhait ou un désir.
- Si elle veut partir, qu’elle parte !
- Que Dieu vous bénisse !
- Honni soit qui mal y pense !
- Ainsi soit-il !
Indignation ou étonnement
[modifier | modifier le code]Le subjonctif, dans une proposition indépendante, peut exprimer l’indignation ou l’étonnement.
- Moi, que je fasse une chose pareille ? Jamais !
Après certains verbes
[modifier | modifier le code]Le subjonctif s’emploie dans la subordonnée si le verbe de la principale exprime le doute, l’improbabilité, la volonté, le désir, la défense, la nécessité, la possibilité, l’impossibilité ou un sentiment.
- Je doute que vous arriviez à temps.
- Il est peu probable que je puisse y aller.
- Je veux que vous écoutiez.
- J’attends que vous répondiez.
aimer que
apprécier que
attendre que
consentir à ce que
défendre que
désirer que
douter que
être content que
être désolé que
être étonné que
être fâché que
être furieux que
être heureux que
être ravi que
être surpris que
être triste que
exiger que
il convient que
il est bon que
il est dommage que
il est douteux que
il est essentiel que
il est important que
il est impossible que
il est improbable que
il est juste que
il est nécessaire que
il est obligatoire que
il est peu probable que
il est rare que
il est possible que
il est préférable que
il est utile que
il est regrettable que
il est temps que
il semble que
il faut que
il ne faut pas que
interdire que
il suffit que
il vaut mieux que
recommander que
ordonner que
proposer que
s’opposer à ce que
refuser que
s’attendre à ce que
vouloir que
souhaiter que
tenir à ce que
Après certaines conjonctions
[modifier | modifier le code]Le subjonctif s’emploie dans la subordonnée après certaines conjonctions.
- Il fait tout pour qu’elle soit heureuse.
- Il s’est caché de peur qu’elle ne le voie.
- Nous irons demain, à moins qu’il ne pleuve.
- Il est parti sans qu’on s’en aperçoive.
- Vous y arriverez pourvu que vous travailliez.
- Si vous êtes malade et que vous ne puissiez pas venir, téléphonez-moi.
à condition que
de peur que
pourvu que
à moins que
de sorte que
que … ou
à supposer que
en attendant que
qui que
afin que
jusqu’à ce que
quoi que
avant que
quoique
bien que
non pas que
sans que
ce n’est pas que
non point que
si … et que
de crainte que
non que
soit que… soit que…
de façon que
où que
de manière que
pour que
etc
Dans les propositions subordonnées relatives
[modifier | modifier le code]Le subjonctif s’emploie dans la subordonnée relative si l’antécédent du pronom relatif est un superlatif ou les mots le premier, le seul ou le dernier, pour exprimer l’incertitude.
- Ce sont les seules fautes que je voie (subjonctif présent). Je n’ai pas trouvé d’autres fautes que celles-ci, mais il y en a peut-être d’autres.
- Ce sont les seules fautes que je vois (indicatif présent). Voilà les seules fautes que j’ai vues.
- Je cherche un étudiant qui soit (subjonctif présent) parfaitement bilingue. Je souhaite qu’il y ait un tel étudiant, et je cherche.
- Je cherche un étudiant qui est (indicatif présent) parfaitement bilingue. Je sais qu’il y a un tel étudiant, et je le cherche.
Après les verbes de pensée et de déclaration à la forme négative ou interrogative
[modifier | modifier le code]Le subjonctif peut s’employer dans la subordonnée après les verbes de pensée et de déclaration à la forme négative ou interrogative. Cependant, si l’on veut insister sur la réalité du fait plus que sur le doute, on emploie l’indicatif.
- Je ne crois pas que ce soit (subjonctif présent) là le plus court chemin. À mon avis, ce n’est pas le plus court chemin.
- Il ne croit pas que c’est (indicatif présent) le plus court chemin. Je suis certain que c’est le plus court chemin, mais il pense que non.
Après la conjonction « Que » remplaçant la conjonction « Si »
[modifier | modifier le code]Le subjonctif s’emploie après la conjonction « que » remplaçant la conjonction « si ».
- Si vous venez dans la région et que vous désiriez me rencontrer, appelez-moi la veille. Si vous venez dans la région et si vous désirez me rencontrer, appelez-moi la veille.
L'attraction modale
[modifier | modifier le code]Le subjonctif s’emploie souvent dans une subordonnée complément d’objet qui dépend elle-même d’une autre subordonnée dont le verbe est au subjonctif
- Bien que Paul prétende que sa femme sache l’anglais, elle n’en comprend pas un mot. Le verbe sache est au subjonctif parce qu’il dépend de prétende qui est lui-même au subjonctif : on appelle cela l’attraction modale.
Certaines tournures courantes ont supprimé le « que », notamment dans les énoncés géométriques : « Soient deux droites D et D' », ou bien dans l'exclamation « Vivent les mariés ». Ces verbes sont respectivement les subjonctifs présents de la troisième personne du pluriel du verbe être et vivre.
Règles de formation
[modifier | modifier le code]Le présent du subjonctif est aisé à former à partir des radicaux du présent de l'indicatif. Les exceptions sont en quantité très limitée.
Principes généraux
[modifier | modifier le code]Le subjonctif présent se forme sur deux radicaux (qui peuvent être identiques) :
- pour les deux premières personnes du pluriel, ce radical est atone et est le même qu'au présent de l'indicatif ;
- pour les autres personnes, il est tonique et c'est celui de la troisième personne du pluriel au présent de l'indicatif.
Les terminaisons sont : -e, -es, -e, -ions, -iez, -ent. On peut remarquer que les deux premières personnes du pluriel sont alors identiques à celles de l'imparfait de l'indicatif, tandis que la troisième personne du pluriel est identique à celle du présent de l'indicatif.
Exceptions
[modifier | modifier le code]Exceptions concernant le radical :
- aller, vouloir, valoir, falloir : le radical tonique est respectivement aill-, veuill-, vaill-, faill-.
- pouvoir, faire, savoir : à toutes les personnes le radical est respectivement puiss-, fass-, sach-
Il en va de même des composés de ces verbes, sauf prévaloir.
Exceptions concernant le radical et les terminaisons :
- être : sois, sois, soit, soyons, soyez, soient.
- avoir : aie, aies, ait, ayons, ayez, aient.
Verbes du premier groupe
[modifier | modifier le code]Au singulier et à la troisième personne du pluriel, la forme est identique au présent de l'indicatif. Aux deux premières personnes du pluriel, elle est identique à l'imparfait de l'indicatif.
- Que je mange
- Que tu manges
- Qu'il, qu'elle, qu'on mange
- Que nous mangions
- Que vous mangiez
- Qu'ils, qu'elles mangent
Verbes du deuxième groupe
[modifier | modifier le code]C'est la conjugaison la plus simple : sans aucun exception, le radical est obtenu à partir de l'infinitif en remplaçant la terminaison -ir par -iss-.
- Que je finisse
- Que tu finisses
- Qu'il, qu'elle, qu'on finisse
- Que nous finissions
- Que vous finissiez
- Qu'ils, qu'elles finissent
Verbes du troisième groupe
[modifier | modifier le code]- Que je tienne
- Que tu tiennes
- Qu'il, qu'elle, qu'on tienne
- Que nous tenions
- Que vous teniez
- Qu'ils, qu'elles tiennent
Avoir
[modifier | modifier le code]- Que j'aie
- Que tu aies
- Qu'il, qu'elle, qu'on ait
- Que nous ayons
- Que vous ayez
- Qu'ils, qu'elles aient
Être
[modifier | modifier le code]- Que je sois
- Que tu sois
- Qu'il, qu'elle, qu'on soit
- Que nous soyons
- Que vous soyez
- Qu'ils, qu'elles soient
Comparaison du subjonctif avec l'indicatif
[modifier | modifier le code]Le subjonctif est souvent associé au virtuel/subjectif/incertain (l'action est envisagée dans sa virtualité, suivant un désir ou une crainte, une attitude subjective[1]) tandis que l'indicatif est associé au réel/objectif/certain[2]. Il existe cependant nombre de contre-exemples, si bien que ces associations sont considérées comme réductrices[3],[4],[5],[6].
Indicatif | Subjonctif |
---|---|
réel | virtuel |
in esse (en être) | in fieri (en devenir) |
objectif | subjectif |
certain | incertain |
Notes et références
[modifier | modifier le code]- L'Obs, Le subjonctif, consulté le 07/05/2020
- Samir Bajrić, Syntaxe et sémantique – Quelle(s) langue(s) parlons-nous ? Problèmes de transfert et de traduction de concepts, 2006
- Université Paul-Valéry-Montpellier, Subjonctif présent, consulté le 07/05/2020
- Alain Rihs, Syntaxe et sémantique : le subjonctif comme marqueur procédural, 2016
- Olivier Soutet, Le subjonctif en français, Editions OPHRYS, 2000
- Gustave Guillaume, Esquisse d'une grammaire descriptive de la langue française: VI, Presses Université Laval, 1971