Daunorubicine

Daunorubicine
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Identification
Nom UICPA (8S,10S)-8-acétyl-10-[(2S,4S,5S,6S)-4-amino-5-hydroxy-6-méthyloxan-2-yl]oxy-6,8,11-trihydroxy-1-méthoxy-9,10-dihydro--H-tétracène-5,12-dione
No CAS 20830-81-3
23541-50-6 (HCl)
No ECHA 100.040.048
No CE 244-069-7
245-723-4 (HCl)
Code ATC L01DB02
DrugBank DB00694
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C27H29NO10  [Isomères]
Masse molaire[1] 527,519 9 ± 0,026 8 g/mol
C 61,47 %, H 5,54 %, N 2,66 %, O 30,33 %,
Propriétés physiques
fusion 208 à 209 °C
Précautions
Classification du CIRC
Groupe 2B : Peut-être cancérogène pour l'homme[2]
Considérations thérapeutiques
Classe thérapeutique antibiotique

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

La daunorubicine est un médicament anticancéreux utilisé dans le traitement des leucémies aiguës myéloblastiques et des leucémies aiguës lymphoblastiques. Elle est commercialisée sous les noms, notamment, de Cerubidine et de Daunoxome.

La daunorubicine (DNR) issue de la fermentation de souches de Streptomyces a été la première anthracycline utilisée en pratique clinique. Elle est un agent intercalant de l'ADN provoquant un blocage de la réplication de l'ADN et la mort cellulaire préférentielle des cellules cancéreuses.

La daunorubicine a reçu sa première autorisation de mise sur le marché français en 1968 et américain en 1974.

En 1940, Selman Waksman, un émigré ukrainien installé aux États-Unis, isole avec H.B Woodruff l'actinomycine D à partir d'un actinomycète, Streptomyces antibioticus[3]. Ses propriétés anti-tumorales seront démontrées en 1960[4].

Inspirés par cette découverte, en 1963, deux groupes de scientifiques français, travaillant chez Rhône-Poulenc à Vitry-sur-Seine, et italiens, travaillant à Milan chez Farmitalia, entreprise paritaire entre Montecatini et Rhône-Poulenc, isolent indépendamment à partir de 2 souches différentes de Streptomyces (cerulorubidus et peucetius) la rubidomycine A nommée « rubidomycine » par les Français en raison de sa couleur rubis et « daunomycine » par les Italiens, noms fusionnés ensuite en 1968 en « daunorubicine ».

En 1964 son activité anticancéreuse est démontrée in vitro[5] et en 1966 son mécanisme d'action par intercalation dans l'ADN est identifié. La même année Jean Bernard à l'hôpital Saint Louis à Paris démontre un effet clinique anticancéreux dans les leucémies aiguës lymphoblastiques et myéloblastiques[6].

En 1973 sera publié par un groupe américain le protocole standard dit « 7+3 » dans le traitement des leucémies aiguës myéloblastiques comprenant de la cytarabine et la daunorubicine[7],[8].

Indications

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La daunorubicine est utilisée dans le cadre de polychimiothérapies dans le traitement des leucémies aiguës[9].

daunorubicine
Informations générales
Princeps
  • Cerubidine (Belgique, Canada, France)
  • Daunoxome (France)
  • Daunorubicin Teva
Classe antibiotiques cytotoxiques et apparentés, anthracyclines et apparentés, ATC code L01DB02
Forme poudre et solvant pour solution pour perfusion ; dispersion liposomale à diluer injectable
Sels chlorhydrate
Laboratoire Erfa Canada, Sanofi-Aventis, Teva
Brevet Sanofi-Aventis
Statut légal
Statut légal En France, prescription réservée aux spécialistes en oncologie ou en hématologie ou aux médecins compétents en cancérologie ; non disponible en vlle
Identification
No CAS 20830-81-3 Voir et modifier les données sur Wikidata
No ECHA 100.040.048
Code ATC L01DB02
DrugBank DB00694 Voir et modifier les données sur Wikidata

En traitement d'induction en association avec la cytarabine (protocole 7+3) +/- étoposide ou 6-thioguanine.

En traitement de consolidation en association avec la cytarabine haute dose.

En traitement d'induction avec la L-Asparaginase, la vincristine et un corticoïde.

En traitement de consolidation avec selon le protocole la 6-mercaptopurine, le cyclophosphamide, la cytarabine ou l’étoposide.

Mécanisme d'action

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La daunorubicine comme toutes les anthracyclines peut s'intercaler entre deux paires de bases d'ADN, préférentiellement entre deux bases G-C à la suite de la formation de liaisons hydrogène spécifiques entre la daunorubicine et la guanine[10]. Les adduits de l'ADN activent les réponses de mort cellulaire. L’interaction entre la daunorubicine et l'ADN peut être stabilisée par une liaison covalente entre celle-ci et la guanine du brin d'ADN opposé ; l'interaction est médiée par le formaldéhyde généré par les radicaux libres produits dans la cellule. Par ailleurs, de plus hauts niveaux de formaldéhyde ont été détectés dans les cellules tumorales sensibles à la daunorubicine comparées aux cellules résistantes.

La posologie varie de 45 à 50 mg·m-2 par jour par voie IV, trois à cinq jours, toutes les trois à quatre semaines le plus souvent. Il est recommandé de ne pas dépasser la dose cumulative totale de 600 mg·m-2.

Population pédiatrique

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Chez les enfants de plus de deux ans : le risque de cardiotoxicité apparaît à partir de la dose cumulée de 300 mg·m-2.

Chez les enfants de moins de deux ans (ou dont la surface corporelle est inférieure à 0,5 m2) : la dose cumulée maximale est de 10 mg·kg-1.

Effets indésirables

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  • Toxicité cardiaque aiguë : survenant dans les 48 heures, des troubles à l'ECG peuvent apparaître, le plus souvent sans traduction clinique ;
  • toxicité cardiaque chronique : liée à la dose cumulée administrée, pouvant évoluer vers l'insuffisance cardiaque congestive ;
  • insuffisance médullaire : neutropénies, anémies, thrombopénies ;
  • extravasation, avec risque de nécrose ;
  • alopécie (90 % des cas), réversible à l’arrêt du traitement ;
  • nausées, vomissements, stomatites ;
  • aménorrhée, azoospermie ;
  • coloration rougeâtre des urines pendant 48 heures

Études cliniques

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La daunorubicine fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'Organisation mondiale de la santé (liste mise à jour en avril 2013)[11].

Notes et références

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  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Évaluations Globales de la Cancérogénicité pour l'Homme, Groupe 2B : Peut-être cancérogènes pour l'homme », sur monographs.iarc.fr, CIRC, (consulté le )
  3. (en) « Bacteriostatic and bactericidal substances produced by a soil actinomyces », Proc Soc Exp Biol Med,‎
  4. (en) « The actinomycins and their importance in the treatment of tumors in animals and man », Ann NY Acad Sci, vol. 89,‎
  5. (en) DiMarco A, Gaetani M, Dorigotti L, Soldati M, Bellini O, « Daunomycin: a new antibiotic with antitumor activity », Cancer chemotherapy reports. Part 1, no 38,‎ , p. 31-8. (PMID 14167466)
  6. (en) MA Lichtman, « A historical perspective on the development of the cytarabine (7 days) and daunorubicin (3 days) treatment regimen for acute myelogenous leukemia: 2013 the 40th anniversary of 7 + 3 », Blood Cells, Molecules, and Diseases, vol. 50, no 2,‎ , p. 119-30. (PMID 23154039, DOI 10.1016/j.bcmd.2012.10.005)
  7. (en) Yates JW, Wallac HJ Jr, Ellison RR, Holland JF, « Cytosine arabinoside (NSC 63878) and daunorubicin (NSC 83142) therapy in acute nonlymphocytic leukemia », Cancer Chemother Rep, vol. 57, no 4,‎ , p. 485-8. (PMID 4586956)
  8. (en) Rai KR, Holland JF, Glidewell OJ, Weinberg V, Kaan SK. et al., « Treatment of acute myelocytic leukemia: A study by cancer and leukemia group B », Blood, vol. 58, no 6,‎ , p. 1203-12. (PMID 6946847, lire en ligne)
  9. « Avis HAS » [PDF], sur www.has-sante.fr
  10. (en) Yang F, Teves SS, Kemp CJ, Henikoff S, « Doxorubicin, DNA torsion, and chromatin dynamics », Biochimica et Biophysica Acta (BBA) - Reviews on Cancer, vol. 1845, no 1,‎ , p. 84-9. (PMID 24361676, DOI 10.1016/j.bbcan.2013.12.002, lire en ligne)
  11. (en) WHO Model List of Essential Medicines, 18th list, avril 2013

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Liens externes

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