Marie-Louise Mignot
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Nom dans la langue maternelle | Marie-Louise Mignot |
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Marie-Louise Mignot dite Mme Denis, née à Paris le et morte dans la même ville le , est une salonnière et épistolière. Elle est proche de Voltaire, dont elle est la nièce, la gouvernante, la compagne puis la légataire universelle.
Biographie
[modifier | modifier le code]Fille de Pierre-François Mignot (mort en 1737), correcteur à la chambre des comptes, et de Marguerite-Catherine Arouet (1686-1726), Marie-Louise Mignot est la nièce de Voltaire[1]. Elle est la sœur ainée de Marie Elisabeth Mignot, de François Mignot et d'Alexandre Jean des Aunais, dit Vincent Mignot, abbé, ainsi que la tante du président Alexandre Marie François de Paule de Dompierre d'Hornoy (1742-1828). La fratrie compte parmi ses cousins l'ingénieur et géographe Étienne Mignot de Montigny (1714-1782) et le général Mathieu Henri Marchant de La Houlière (1717-1793).
Le Musée d'Art et d'Histoire de Genève conserve un portrait au pastel de Marie-Louise Mignot fait par sa sœur d'après un tableau à l'huile d'abord attribué à Charles André van Loo puis à François-Hubert Drouais[2].
Après la mort du père de Marie-Louise Mignot, son oncle devient son tuteur et tente d'organiser son mariage. Elle décline l'offre du fils de Mme de Champbonin, voisine de Voltaire et d'Émilie du Châtelet à Cirey, préférant épouser par amour Nicolas-Charles Denis, officier et écuyer, le à Paris[3]. Déçu, Voltaire diminue sa dot et n'assiste pas à la cérémonie. À la suite de ce mariage, elle prend le nom de « Madame Denis ». Le couple vit à Laudau, puis à Lille, mais Nicolas-Charles Denis meurt prématurément le .
Les liens réciproques de Voltaire et Mme Denis évoluent et vers 1745 ils entament une relation amoureuse, alors que Voltaire vit toujours avec Émilie du Châtelet. Vers cette époque, Mme Denis rédige une comédie, La Coquette punie[4]. Après la mort d'Émilie du Châtelet en septembre 1749, Mme Denis s'installe avec Voltaire rue Traversière, à Paris. En Voltaire part vivre à la cour de Frédéric II de Prusse à Potsdam, mais Mme Denis reste à Paris. Elle s'occupe de la gestion des affaires de Voltaire, notamment avec la Comédie-française et la Cour. Voltaire se brouille avec Frédéric II et Mme Denis le rejoint à Francfort où elle est incarcérée avec lui, ainsi que son secrétaire Collini, pendant plus de deux semaines (juin-juillet 1753).
Ils vivent ensuite ensemble au château de Prangins, puis à Lausanne et à Genève, aux Délices. En décembre 1760, ils emménagent à Ferney, dans un domaine nommé aujourd'hui château de Voltaire, et y recueillent une arrière-petite-cousine de Pierre Corneille, Marie Françoise Corneille.
Mme Denis joue de nombreux rôles écrits par Voltaire dans leur théâtre de société : Zaïre, Zulime/Fanime, Aménaïde (dans Tancrède), Acante (dans Le Droit du seigneur), Statira (dans Olympie), Sémiramis, Idamé (dans L'Orphelin de la Chine), Mérope, Alzire, Clytemnestre (dans Oreste), Lady Alton (dans L'Écossaise), La comtesse de Givry (dans Charlot)…
Ses talents de musicienne sont également appréciés ; ainsi Mme de Genlis dit d'elle : « Après le dîner, M. de Voltaire, sachant que j'étais musicienne, a fait jouer madame Denis du clavecin ; elle a un jeu qui transporte en idée au temps de Louis XIV »[5].
Mme Denis ne cache pas à Voltaire ses relations avec d'autres hommes, parmi lesquels Baculard d'Arnaud et Marmontel.
En mars 1768, au terme d'une dispute violente, elle quitte Ferney pour Paris. Elle y revient en octobre 1769.
En 1778, Mme Denis et Voltaire s'installent à Paris dans l'hôtel particulier de Charles de Villette et Reine-Philiberte Rouph de Varicourt, où Voltaire meurt le 30 mai.
Légataire universelle de Voltaire, Mme Denis met en vente le château de Voltaire quelques mois plus tard[6],[7],[8]. Elle vend les papiers et la bibliothèque de Voltaire à Catherine II de Russie et le château au marquis de Villette, malgré l'opposition de Jean-Louis Wagnière[6], le secrétaire particulier de Voltaire avec lequel elle a quelques différends[9].
Elle se remarie, à l'âge de 68 ans, à Paris le à François Duvivier (1722-1802), commissaire des Guerres, plus jeune qu'elle de dix ans[10].
Elle a pu inspirer le personnage de Cunégonde dans Candide. Une vingtaine de lettres de Mme Denis à Voltaire ont été conservées, et plus de 360 lettres de Voltaire à Mme Denis.
Œuvre
[modifier | modifier le code]Marie-Louise Denis est elle-même autrice de différentes pièces de théâtre. On la connaît comme l'autrice de La Coquette punie, une comédie en alexandrins en cinq actes, L’Étranger persécuté, une comédie en prose en cinq actes, Paméla, une comédie en prose en trois actes qui n'a jamais été publiée, et Alceste, une tragédie en trois actes qu'elle avait commencé à transposer de la prose aux vers[4].
Hommage et postérité
[modifier | modifier le code]Voltaire lui dédie une épître sur La Vie de Paris et de Versailles (1748) et une autre Sur l'agriculture (1761).
En 1917, René Buthaud grave un ex libris en son honneur auprès de l'atelier Paul Haasen. Ce dernier n'a jamais été imprimé autrement qu'en Bon à tirer[11].
En 2018 l'association Escouade fait poser une plaque de rue temporaire à son nom Rue Voltaire à Genève dans le cadre de l'initiative 100Elles*[12].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Marie-Louise MIGNOT », sur 100 Elles* (consulté le )
- « Portrait de Marie-Louise Denis née Mignot, dite Madame Denis (1712-1790), soeur de l'artiste », sur MAH Collection en ligne (consulté le )
- (en) Ian Davidson, Voltaire : A Life, Pegasus Books, , 560 p. (ISBN 978-1-68177-039-0, lire en ligne)
- (en) « Giving Madame Denis her due: The mistaken attribution of La Coquette punie », sur DASH Digital Access to Scholarship at Harvard (consulté le )
- Mme de Genlis, Mémoires, tome II, Paris, 1825, p. 320.
- Wagnière, Jean-Louis, 1739-, Jean-Louis Wagnière, ou, Les deux morts de Voltaire : [correspondance inédite], Saint-Malo, Cristel, , 460 p. (ISBN 2-84421-037-6 et 9782844210371, OCLC 60513061, lire en ligne)
- « Le château de Voltaire à Ferney va être restauré pour 9 millions d'euros », sur FIGARO, (consulté le )
- « La Gazette des Délices - N° 22 - A propos », sur institutions.ville-geneve.ch (consulté le )
- « La Gazette des Délices - N° 16 - A propos », sur institutions.ville-geneve.ch (consulté le )
- Anne Soprani, « Duvivier, François François dit », in Jean Goulemot, André Magnan, Didier Masseau (dir.), Inventaire Voltaire, coll. « Quarto », Gallimard, 1995, p. 447-48.
- Paul et Raymond Haasen, Archives des éditions Paul et Raymond Haasen, collection particulière., 700 p., Inventaire des tirages 1915-1935
- « 100 Femmes* », sur 100 Elles* (consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- André Magnan, « Pour Marie-Louise Denis », Cahiers Voltaire nº 1, 2002.
- Élisabeth Badinter, « Le viol de Mme Denis : hypothèse ou roman ? », Cahiers Voltaire nº 3, 2004.
- André Magnan, « “Mes très chers et très aimables enfants…”. Une lettre inédite de Voltaire à ses neveux Denis », Cahiers Voltaire nº 4, 2005.
- Jean Stern, Belle et Bonne : Reine-Philiberte de Varicourt, une fervente amie de Voltaire (1757-1822), Hachette, Paris, 1938 (OCLC 83060284).
- Voltaire, L'Affaire Paméla. Lettres de Monsieur de Voltaire à Madame Denis, de Berlin, rééd. Paris-Méditerranée avec une présentation d'André Magnan
- Voltaire, Lettres d’amour à sa nièce, éd. Théodore Besterman, Paris, Plon, 1957.
- André Magnan, L’Affaire Paméla : lettres de M. de Voltaire à Mme Denis, Paris, Paris-Méditerranée, 2004.
Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- Ressource relative au spectacle :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Château de Voltaire à Ferney-Voltaire, appartement de Madame Denis restauré en 2018
- Institut et musée Voltaire, Genève (dans la maison qu'il habita de 1755 à 1760)