Joanna Russ

Joanna Russ
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(à 74 ans)
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Œuvres principales

Joanna Russ, née le à New York et morte le à Tucson dans l'Arizona, est une écrivaine et critique littéraire américaine de science-fiction féministe et lesbienne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Née le à New York, Joanna Russ grandit dans le Bronx dans une famille juive ashkénaze[1],[2]. Ses parents, Evarett Russ et Bertha Zinner enseignent à l'université[3].

Elle commence à écrire dès son enfance, de manière prolifique, que ce soient des poèmes, des bandes dessinées, des histoires ou des illustrations[3]. Elle remplit d'innombrables carnets de notes qu'elle relie parfois à la main[4].

En plus de la littérature, elle est passionnée de botanique et de biologie et passe tout son temps entre le zoo du Bronx et les jardins botaniques[3]. En 1953, élève à la William Howard Taft High School (en), elle reçoit un prix scientifique au Westinghouse Science Talent Search[5].

Elle obtient une licence en 1957 avec mention très bien en anglais de l'Université Cornell, sous la direction de Vladimir Nabokov[3]. Elle étudie aussi les sciences humaines et sociales[5]. Elle obtient ensuite une maîtrise en écriture dramatique et en littérature dramatique à la School of Drama de l'Université Yale en 1960[3],[5].

Carrière[modifier | modifier le code]

Carrière universitaire[modifier | modifier le code]

Elle enseigne dans plusieurs universités, dont Cornell, l'Université d'État de New York à Binghamton et l'Université du Colorado à Boulder, puis devient professeur d'anglais à l'Université de Washington. Elle est boursière de la Fondation nationale pour les sciences humaines en 1974-75[3].

Carrière littéraire[modifier | modifier le code]

En 1959, la première histoire de Joanna Russ, Nor Custom Stale, est publiée dans The Magazine of Fantasy & Science Fiction[5].

Tout en enseignant la littérature anglaise dans diverses universités, elle écrit et publie des nouvelles et des romans de science-fiction, notamment Pique-nique au Paradis (1968), L'Autre Moitié de l'homme (The Female Man, 1975)[6], Alyx (1976), We Who Are About to (1977), Des gens (extra) ordinaires (1983), The Hidden Side of the Moon (1987). Lorsque tout changea, une nouvelle qui annonce les thèmes de L'Autre Moitié de l'homme, obtient un prix Nebula en 1972[7]. Les deux textes se déroulent dans l'univers de Lointemps, un monde dépourvu d'ĥommes, où les femmes se reproduisent en fusionnant leurs ovules[7].

Le court roman fantastique historique Âmes remporte un prix Hugo en 1983[5].

Outre la rédaction de romans et nouvelles, elle a également une activité de critique littéraire de science-fiction en abordant cette question d'un point de vue féministe[8]. Elle est ainsi l'autrice de nombreux autres essais, comme How to Suppress Women's Writing ou Magic Mommas, Trembling Sisters, Puritans and Perverts. Elle écrit également de nombreux articles théoriques et critiques sur la science-fiction, partiellement rassemblés dans To Write Like a Woman: Essays in Feminism and Science-Fiction (1995). Elle est notamment connue pour ses études sur Willa Cather invoquant son lesbianisme[5]. « Ses essais et livres de non-fiction étaient souvent polémiques mais toujours raisonnés et savants. Les lire parallèlement à sa fiction, c'est avoir un aperçu de la profonde intelligence et de la personnalité remarquable de Russ, mais aussi prendre nerveusement conscience de son étonnante colère littéraire », écrit en 2011 le journaliste Christopher Priest dans The Guardian[3].

Elle écrit aussi un livre pour enfants paru en 1978 : A Tale of Magic[3].

Défenseure des tendances new wave, elle est très proche d'auteurs de science-fiction comme Ursula K. Le Guin ou Samuel R. Delany[9].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Joanna Russ se sait lesbienne depuis son plus jeune âge mais elle met un certain temps à accepter puis à revendiquer sa sexualité. Elle a d'ailleurs été mariée à un homme[5].

Pendant de longues années, elle souffre du syndrome de fatigue chronique et de maux de dos qui l'obligent à écrire debout[3].

En avril 2011, elle subit une série d'accidents vasculaires cérébraux et demande à ne pas être réanimée en cas de prochain accident vasculaire cérébral[3].

Le , à l'âge de 74 ans, elle meurt à Tucson, dans l'Arizona, des suites d'un accident vasculaire cérébral[3],[5].

Féminisme[modifier | modifier le code]

Joanna Russ est considérée comme une féministe radicale. Elle affiche ouvertement son lesbianisme. Ses préoccupations féministes commencent à la fin des années 1960, avec la publication de ses histoires sur Alyx[3].

En 1974, l'éditeur du fanzine Khatru, Jeffrey Smith, invite des auteurs de science-fiction à participer à une série de discussions sur la place des femmes dans ce genre littéraire[10]. Samuel R. Delany et James Tiptree Jr sont sollicités, sur suggestion de Joanna Russ[11], pour donner leur opinion en tant qu'« hommes » sur la question[12].

Dès 1975, Joanna Russ entame une réflexion sur la place des femmes en science-fiction, avec l'ambition de cartographier leurs contributions et de définir ce que pourrait être une science-fiction féministe. Elle débute cette entreprise par un essai sur la bataille des sexes en science-fiction qui fait date, intitulé : Amor Vincit Foeminam: The Battle of the Sexes in Science Fiction. Elle y critique les différentes positions prises par les auteurs de science-fiction sur ce trope récurrent et son implication pour la participation des femmes en science-fiction[13],[14],[15].

Son roman le plus connu, L'Autre Moitié de l'homme, parait également en 1975. Ce livre, qui raconte les histoires entrelacées de quatre femmes, inaugure la science-fiction féministe[5].

Critiques[modifier | modifier le code]

Certains critiques la trouvent trop polémique mais la plupart sont positives et soulignent son style de prose, son humour, son intelligence et son approche novatrice de la fiction[5].

En 1983, dans le New York Times, Gerald Jonas classe Joanna Russ « parmi le petit groupe de stylistes accomplis de la science-fiction »[5].

Joanna Russ a fait l’objet de nombreuses études critiques, notamment celles recueillies dans On Joanna Russ, édité par Farah Mendlesohn et publié en 2009 par Wesleyan University Press[5],[16].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Romans[modifier | modifier le code]

Recueils de nouvelles[modifier | modifier le code]

Nouvelles parues en français[modifier | modifier le code]

Essais[modifier | modifier le code]

Livre pour enfant[modifier | modifier le code]

Prix[19][modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en-US) Scott Bradfield, « UW professor Joanna Russ, with Ursula K. Le Guin and others, brought feminist bent to science fiction » Accès libre, sur The Seattle Times, (consulté le )
  2. (en) Gwyneth Jones, « Joanna Russ, Trans-Temp Agent: From the Death of the Universe to “The Second Inquisition” » Accès libre, sur academic.oup.com, (DOI 10.5622/illinois/9780252042638.003.0001, consulté le )
  3. a b c d e f g h i j k l et m (en-GB) Christopher Priest, « Joanna Russ obituary », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  4. « UW professor Joanna Russ, with Ursula K. Le Guin and others, brought feminist bent to science fiction », The Seattle Times, (consulté le )
  5. a b c d e f g h i j k et l (en-US) Margalit Fox, « Joanna Russ, Who Drew Women to Sci-Fi, Dies at 74 », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  6. « Susan Ayres- The "Straight Mind" in Russ’s The Female Man », sur www.depauw.edu (consulté le )
  7. a et b (en) Nicolas Winter, « Joanna Russ : « L’Autre Moitié de l’homme » », sur Medium, (consulté le )
  8. (en-US) Geek's Guide to the Galaxy, « Joanna Russ Was Sci-Fi’s Most Outspoken Feminist », Wired,‎ (ISSN 1059-1028, lire en ligne, consulté le )
  9. Alain Dorémieux, « Diagonales », Fiction, no 241,‎ (lire en ligne Accès libre)
  10. (en) Jeff Smith, Women in Science Fiction : A Symposium, vol. 3 et 4, Khatru, (lire en ligne Accès libre [PDF])
  11. (en) Gwyneth Jones, Joanna Russ, University of Illinois Press, (ISBN 9780252042638), chap. 4 (« The Secret Feminist Cabale. SF's Sexual Politics and the Khatru Symposium »)
  12. (en) Eileen McGinnis, « “Turn and Face the Strange”: Samuel Delany - Queering Science Fiction, Queering Fatherhood » Accès libre, sur eileenmcginnis.com, (consulté le )
  13. (en) Joanna Russ, « "Amor Vincit Foeminam:" The Battle of the Sexes in in Science Fiction », Science Fiction Studies,‎ , p. 15 (lire en ligne Accès limité)
  14. (en) « Researching The Battle of the Sexes in Science Fiction », sur Justine Larbalestier, (consulté le )
  15. Justine Larbalestier, The battle of the sexes in science fiction, Wesleyan University Press, (ISBN 0-8195-6526-1, 978-0-8195-6526-6 et 0-8195-6527-X, OCLC 48810646, lire en ligne)
  16. Internet Archive, On Joanna Russ, Middletown, Conn. : Wesleyan University Press, (ISBN 978-0-8195-6901-1 et 978-0-8195-6902-8, lire en ligne)
  17. (en) John Clute, « The Two of Them by Joanna Russ », Foundation,‎ , p. 103 (lire en ligne)
  18. (en-US) John Clute, « The little dirty girl and her sisters », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  19. « Joanna Russ » (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Farah Mendlesohn (dir.), On Joanna Russ, Wesleyan University Press, 2009
  • (en-US) Geek's Guide to the Galaxy, « Joanna Russ Was Sci-Fi’s Most Outspoken Feminist », Wired,‎ (ISSN 1059-1028, lire en ligne, consulté le ).
  • Sylvie Bérard, « Venues, vues, vécues : entre le sujet science-fictionnel et Pauteure science-fictive », Dalhousie French Studies, vol. 47,‎ , p. 115–132 (ISSN 0711-8813, lire en ligne, consulté le ).
  • Claude Cohen-Safir, « Perspectives transgénériques: Joanna Russ, Anne Rice, Ursula Le Guin », Revue française d'études américaines, no 43,‎ , p. 33–46 (ISSN 0397-7870, lire en ligne, consulté le ).
  • (en) Jeff Smith, Women in Science Fiction : A Symposium, vol. 3 et 4, Khatru, (lire en ligne Accès libre [PDF]). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Joanna Russ, Henry-Luc Planchat, Nathalie Mège et Stéphanie Nicot, L'humanité-femme, Mnémos, coll. « Stellaire », (ISBN 978-2-38267-082-8). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Marianne Leconte, Femmes au futur, Marabout (EAN SIE247542_598[à vérifier : EAN invalide]).
  • (en) Tom Moylan et Raffaella Baccolini, Demand the impossible: science fiction and the utopian imagination, Peter Lang, coll. « Ralahine utopian studies », , 364 p. (ISBN 978-3-0343-0752-9, OCLC 881041850, lire en ligne).
  • « L'humanité-femme - Joanna Russ », sur ActuaLitté.com (consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • (en-US) Annalee Newitz, « Joanna Russ Showed Us the Future: Female, Queer but Far From Perfect », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • « Susan Ayres- The "Straight Mind" in Russ’s The Female Man », sur www.depauw.edu (consulté le ). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article.
  • Joanna Russ, Charlotte Houette et Clara Pacotte, L'exoplanète féministe de Joanna Russ: essais, lettres et archives, Cambourakis, coll. « Sorcières », (ISBN 978-2-36624-823-4).

Liens externes[modifier | modifier le code]